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UNE PROCÉDURE DE « REBUT » AVORTÉE (1806)
Laurent Veglio

Joseph Clary, né le 26 mars 1770, est l’un des treize enfants de l’armateur marseillais François Clary (1725-1794). Dans le sillage de son père, il se lance dans les affaires, d’abord dans les savonneries marseillaises puis dans la finance et monte à Paris. Il entretient conséquemment une abondante correspondance avec ses clients, fournisseurs, investisseurs, que ce soit en France ou en Italie où la famille séjourna durant les épisodes les plus violents de la Terreur en 1793-1794.

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Aujourd’hui encore, il est possible de rencontrer des correspondances écrites par Clary ou à lui adressées et, même réduite à un échantillon limité, une série de correspondance est toujours intéressante pour le chercheur en histoire postale : elle lui permet parfois de saisir des pratiques et des variations intéressantes, que ce soit dans le domaine tarifaire, dans celui des routes postales, ou encore des habitudes épistolaires…

Une rapide recherche nous a permis d’établir que Clary entretenait une correspondance non négligeable avec la firme des frères Delarue établie à Gênes. Le texte de ces lettres concerne en règle générale le coût de diverses marchandises, ainsi que la cotation de valeurs monétaires et financières. Un modèle de missive semble prédominer:

Exemple, trouvé en ligne, d’une lettre écrite à Gênes le 4 octobre 1806 et distribuée à Paris le 12, taxée en arrivée pour 10 décimes.

Nous possédons, pour notre part, une lettre du 2 juillet 1806 un peu plus originale qui se caractérise par la petite indication ajoutée en arrivée en haut de la suscription: [voir] au dos


Examinons donc le verso pour constater que la lettre a été Refusé [e] lors de sa mise en distribution le 10 mars !

 


La raison de ce refus est difficile à déterminer puisqu’il s’agit d’un correspondant habituel de Clary, qui écrit par ailleurs toujours en port dû ! Quoi qu’il en soit, ce refus lance alors la procédure des rebuts. Cette dernière a été normalisée dans l’Instruction générale sur le service des postes de 1792, confirmée dans celle de 1808, et concerne 6 types d’envoi :

 

Le bureau de destination doit préciser le motif de la non-distribution (ici refusé donc) puis archiver la lettre pour une durée de 3 mois (étape des « premiers rebuts ») avant de la transmettre à l’Hôtel des postes à Paris qui assure la gestion finale des « derniers rebuts ». Entretemps, la correspondance peut toujours être récupérée par le destinataire, soit qu’il soit devenu joignable, soit qu’il ait changé d’avis : c’est le cas pour cette lettre qui porte une seconde indication réclamée le 27 juillet!!

La gestion des rebuts obéissait à un calendrier très précis, exemple ici avec les lettres arrivées durant les 3 premiers mois de l’année:

 

Puis avec les délais propres aux « derniers rebuts »:

 

Les lettres avec adresse incomplète étaient ouvertes immédiatement et détruites si elles ne pouvaient être retournées à leur expéditeur. Toutes les autres étaient conservées 6 mois, ou un an si provenant de l’étranger ou adressées en poste restante, voire 2 ans quand provenant des colonies. En tout cas, l’expéditeur devait s’acquitter de la taxe postale pour récupérer sa missive ! Passés ces délais, les lettres étaient incinérées, sauf à contenir des objets importants : elles étaient alors conservées 3 ou 4 ans avant destruction définitive et récupération des valeurs au profit du Trésor.

Laurent Veglio
08-05-2022 

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